Traitement homoeopathique des maladies des organes de la respiration (1874)
<< page précédentesommairepage suivante >>

ARTICLE III : SPASME DE LA GLOTTE

(Asthme de Millar. - Asthme thymique de Kop.)

 

Névrose fort dangereuse du larynx, caractérisée par la contraction spasmodique des muscles constricteurs de la glotte (le muscle thyro-aryténoïdien, les muscles cricoarytenoïdiens latéraux, le muscle aryténoïdien transverse) qui donne lieu à des accès de suffocation sans fièvre, subite, irrégulière, se terminant en quinze secondes ou une minute au plus.

 

C'est une maladie qui s'observe exceptionnellement chez l'adulte, mais les observations sont si rares que l'on peut dire qu'elle est propre à la première enfance ; les petits enfants, depuis l'âge de 6 mois jusqu'à 3 ans, paraissent à peu près seuls susceptibles d'en être atteints. Longtemps on a cru pouvoir l'attribuer à un volume et à une consistance insolites du thymus qui comprimait la trachée artère ; de là lui est venu le nom d'Asthme thymique.

 

Mais les recherches anatomiques ont ruiné ces explications. On a constaté, par des autopsies, que beaucoup d'enfants mouraient avec le thymus très-volumineux sans jamais avoir éprouvé aucun symptôme de cet affection, tandis que d'autres, chez lesquels le spasme avait été cause de la mort, ne portaient qu'un thymus normal ou même atrophié.

 

Le spasme de la glotte se reconnaît à des accès de suffocation caractérisés par un sentiment brusque de strangulation, une inspiration bruyante suivie de la cessation de tout bruit, avec immobilité de la poitrine.

 

Tout à coup, la respiration se suspend, comme si un corps étranger fermait subitement l'ouverture du larynx. Les enfants ouvrent largement la bouche, se renversent en arrière et sont dans une angoisse extrême ; la face rougit et devient même cyanosée, les lèvres et la langue prennent une teinte violacée, les globes de l'œil, congestionnés, sont fixes et proéminents, les veines du cou se gonflent et tous les traits du visage expriment une angoisse mortelle.

 

Mouvements de déglutition. Battements de coeur tumultueux et irréguliers, le pouls sans rythme et d'une ampleur inégale devient à peine sensible, raideur convulsive des membres, extrémités froides et couvertes de sueur et puis, après quelques instants qui paraissent bien longs, mais qui ne dépassent pas ordinairement de 15 à 20 secondes, survient une inspiration convulsive qui rétablit la respiration et l'accès est terminé.

 

L'air, en passant rapidement par la glotte rétrécie, fait entendre un sifflement aigu prolongé. La respiration peut alors être un moment trachéale et l'expiration chasser quelques mucosités spumeuses.

 

L'accès fini, il ne reste rien de la maladie.

Un premier accès peut être mortel par asphyxie, mais le plus souvent les accès se multiplient et se rapprochent ; ils se présentent aussi souvent la nuit que le jour, ce sont les inspirations profondes qui les provoquent.

Entre les accès, la santé est en apparence parfaite.

L'absence de signes intermédiaires est si complète, qu'elle peut à elle seule établir le diagnostic différentiel de la maladie, on ne la retrouve dans aucune autre circonstance.

 

Le spasme de la glotte peut être regardé comme pouvant constituer un des orages les plus terribles de la dentition, puisqu'il arrive souvent, pendant le percement des dents, des incisives surtout, sans souffrances locales ; il peut survenir chez les enfants après des cris,  des contrariétés, une colère, une frayeur, un réveil en  sursaut ; il se développa de préférence par le fait d'une mauvaise aération, d'un sevrage prématuré, plus souvent dans le Nord et en hiver. Chez les enfants élevés au biberon, ou exposés à une alimentation trop copieuse qui n'est pas en rapport avec leur âge.

 

On ne peut confondre le spasme de la glotte qu'avec la laryngite striduleuse et celle-ci diffère par une toux fréquente, rauque, sonore et sifflante, et par une durée beaucoup plus prolongée. Le croup n'est pas sans analogie non plus, mais le spasme de la glotte s'en distingue par ces deux caractères :

 

1° Les symptômes inflammatoires du larynx font complétement défaut ; et

2° au temps des rémissions, il ne reste aucun symptôme morbide appréciable.


<< page précédentesommairepage suivante >>