Traitement homoeopathique des maladies des organes de la respiration (1874)
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ARTICLE V : ASTHME.

 

Affection d'origine constitutionnelle, caractérisée par la difficulté de respirer, avec convulsions des muscles respirateurs, revenant sous forme d'accès ordinaires, irréguliers et accompagnés de l'accélération du pouls, comme dans les maladies nerveuses, mais non de fièvre.

 

L'Asthme peut exister avec intégrité parfaite des appareils respiratoires et circulatoires dans l'intervalle des accès ; on le désigne alors sous le nom d'Asthme essentiel, mais souvent il se lie à diverses affections appréciables du poumon, du coeur, des gros vaisseaux, des enveloppes de ces viscères, et prend alors le nom d'Asthme symptomatique ou consécutif.

 

Le caractère essentiel de l'Asthme est de se présenter sous forme d'accès qui peuvent seuls faire reconnaître la maladie. Les accès arrivent le jour quelquefois, mais en général la nuit, de dix heures du soir à dix heures du matin. Leur invasion peut être instantanée, ou précédée de phénomènes précurseurs, comme une grande oppression ou une plénitude vers le creux de l'estomac, des hypocondres et beaucoup de gaz.

 

Si le malade est couché, il se lève aussitôt et se tient sur son séant. Gêne et constriction très-forte dans toute la poitrine ; tout d'abord, la respiration s'embarrasse et devient sifflante ou ronflante ; l'inspiration est beaucoup plus difficile que l'expiration. Tous les muscles qui servent à l'accomplissement des phénomènes mécaniques de la respiration, entrent dans un véritable état de convulsion, les épaules s'élèvent, la tête est redressée violemment, portée en avant ou renversée en arrière. Les inspirations sont brusques, subitement interrompues et répétées à de courts intervalles anxiété extrême, crainte de succomber à chaque 'instant.

 

Toux brève, sèche, fréquente, interrompue ; le malade ne peut ni tousser, ni cracher, ni éternuer, ni parler librement ; les yeux sont saillants, le visage est pâle, livide et tuméfié parce que le sang stagne dans les vaisseaux ; le corps est recouvert d'une sueur froide et abondante, les mains et les pieds sont froids ; quelquefois, surviennent des vomissements de bile ou d'aliments, le pouls d'abord un peu fréquent, plus petit, plus serré, acquiert du développement à la fin de l'accès.

 

Si l'Asthme est essentiel, c'est-à-dire consistant uniquement en un simple trouble fonctionnel du système nerveux, l'accès une fois passé, le malade semble guéri, après trois ou quatre heures ; mais dans l'asthme symptomatique, l'intermittence des accès n'est pas complète, le malade continue à souffrir, et indépendamment des symptômes qui sont sous la dépendance des organes compromis, il conserve plus longtemps des traces du passage de l'accès. Douleur dans les hypocondres et vers l'insertion du diaphragme, de la gêne dans l'épigastre et une certaine difficulté à respirer.

 

Anciennement, on confondait sous le nom d'asthme toutes les dyspnées continues ou intermittentes, c'était une faute de diagnostic ; on ne doit pas évidemment appeler du même nom deux états morbides qui se différencient les uns par l'absence de toute lésion appréciable, les autres par la présence de lésions graves dans les organes les plus importants.

 

Mais au point de vue clinique, les subtilités diagnostiques perdent singulièrement de leur importance ; qu'il y ait ou non complication du côté du coeur, du poumon et des bronches, l'indication première à remplir pour le soulagement des malades n'est-elle pas de combattre la respiration difficile et fréquente, provoquant la convulsion des muscles respirateurs ?

 

Or, le remède contre la respiration difficile et fréquente, etc., sera le même toutes les fois qu'il y aura rapports de ressemblance entre le médicament et les symptômes apparents de la maladie. Donc, nous comprendrons dans le traitement de l'asthme tous les médicaments qui sont susceptibles de produire des altérations de la respiration et qui, pour cela même, combattent avec succès ces cas pathologiques ; je laisse au médecin le soin d'établir son diagnostic ; je ne me propose dans ce travail qu'un but, celui de lui faciliter le traitement et de lui procurer le plus commodément possible les moyens de soulager et de guérir.


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