Traitement homoeopathique des maladies des organes de la respiration (1874)
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§ 2. -   Coryza chronique.

 

Le coryza chronique est toujours symptomatique d'une affection miasmatique de l'économie, comme déjà j'ai eu l'occasion de le dire, à propos du traitement préventif. La tâche du praticien est de rechercher avec soin la cause de la chronicité, et une fois bien connue dans sa nature et dans ses manifestations apparentes, de la combattre par des modificateurs appropriés, c'est-  à-  dire déterminés par leurs rapports de ressemblance avec le malade et la maladie.

 

Les phénomènes généraux étant l'expression mobile de la diathèse, je n'ai à m'occuper ici que des signes locaux. La membrane muqueuse est injectée le plus ordinairement, et parcourue par des vaisseaux devenus variqueux ; d'autres fois, au contraire, elle est plus pâle qu'à l'état normal. Écoulement par les narines, d'une nuance transparente ou opaque, verdâtre, puriforme, plus ou moins abondant. Ces mucosités peuvent se dessécher sur place ; obstruer la narine et former alors des croûtes qui se détachent avec peine. Diminution ou perte totale du sens de l'odorat, altération même du goût pour les saveurs lui ont besoin, pour être perçues, de l'intervention de l'odorat.

 

D'autres signes fonctionnels peuvent exister quand l'inflammation envahit la face postéro-  supérieure du pharynx, ce qui constitue le coryza postérieur ; en outre du nasonnement qui est bien plutôt produit par cette forme du coryza, on observe un reniflement guttural qui est provoqué par une sensation de gêne au niveau de la partie postérieure des fosses nasales, ou par un embarras derrière les voiles du palais, sollicitant de fréquents mouvements de déglutition, un raclement pharyngien qui a pour but de ramener en avant les mucosités adhérentes au voile du palais et de les attirer dans la direction du pharynx et de la bouche pour en amener l'expulsion.

 

Il arrive trop souvent qu'à ce groupe de symptômes, qui caractérisent le coryza chronique, vient s'ajouter une odeur fétide du nez. Le coryza chronique est inséparable d'une odeur fade, nauséabonde, désagréable ; mais de cette odeur importune à la fétidité, il y a loin, et c'est tellement vrai que, lorsque cette fâcheuse infirmité s'impose, elle imprime à la maladie une nouvelle dénomination. C'est tout de suite faire pressentir son importance.

 

J'en parlerai plus bas sous le nom d'ozène ou punaisie.

 

Nous trouverons là des lésions plus graves, par conséquent des symptômes plus accentués, et nous aurons à chercher des ressources dans les médicaments autres que ceux qui suffisent au coryza chronique. Fort heureusement, hâtons-  nous de le dire, ces médicaments ne nous manqueront pas.

 

Dans l'exposé du traitement du coryza, je ne séparerai pas en deux chapitres ce que j'ai à dire des médicaments relativement à la marche aiguë ou chronique de la maladie. Cette ligne de démarcation, plus classique que pratique, je l'ai maintenue pour étudier plus clairement les symptômes qui caractérisent chacun de ses états, mais auprès des malades sont fictions et illusions toutes ces Coupures faites par la main des hommes. Les coryzas ont leurs irrégularités, aussi bien dans leur marche que dans leurs symptômes.

 

Le coryza chronique d'hier est aujourd'hui aigu ou subaigu, La thérapeutique n'a pas à séparer arbitrairement ses agents ; elle les applique suivant l'ensemble des symptômes actuels. Quand le coryza survient d'emblée sur une personne bien portante et suit une marche rapide, il n'offre pas les mêmes symptômes que le coryza de longue durée, et ces caractères différentiels, qui ne sauraient être confondus, valent mieux pour le choix des remèdes qu'une appellation nominale.


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